J'ai écrit ce texte pour les soixante ans du club. Il a stationné quelque temps sur l'ancienne mouture du site de Nousty.fr. Il est également apparu sur le site du club de hand avant d'être remplacé par la vidéo réalisée à cette occasion. Il semblerait - je dis bien, il semblerait - qu'il soit utilisé par la commission Mécénat pour démarcher les éventuels sponsors ; ce dont je me réjouirait davantage si j'en avais été simplement informé.
J'ai pu le récupérer par hasard et j'ai voulu qu'il soit conservé sur ce blog.
Il a tout d’un grand.
C’est la
première remarque que l’on pourrait faire sur le club de hand-ball du
Pau-Nousty-Sports. D’un grand club il en a toujours eu l’ambition ; pour faire
mentir une phrase célèbre qui disait que : "L’ambition est l’excuse de l’échec".
Mais quand on a choisi comme devise :"Plus est en nous", on ne peut
faire plus explicite. Bien sûr, il y a souvent loin de la coupe aux lèvres. Et
le parcours de ce club est jalonné d’autant de trophées de gloire que
d’épreuves partagées.
Le Pau-Nousty-Sports : une énigme historique, sociale
et économique.
L’énigme
historique. Ils couraient sous les balles ... "Le père La Cerise est
verni" . On peut dire que cette phrase lourde de
conséquences est quelque part à l’origine du club de hand. Ils étaient 17. Dix
sept jeunes, dont la plupart originaires de Nousty et réfugiés lorrains, se
sont retrouvés un jour dans la grange du Bourrouillat. Ils répondaient ainsi à
un message de Londres qui lançait l’offensive finale et leur enjoignait de
rejoindre le maquis au sein du Corps Franc Pommiès. Une fois la guerre
terminée, un de leurs officiers restera à Nousty et aidera la génération
montante des jeunes noustysiens à canaliser leur énergie par le sport. Les
moyens sont limités, mais déjà la volonté est là.
Cette
histoire nous vous l’avons déjà racontée pour le 50ème anniversaire.
Le plus
correct est de laisser parler ceux qui nous ont fait l’honneur de transmettre
ce vécu.
Les débuts
du Nousty-Sports
-"Nous
avions embarqué avec nous tous les jeunes réfugiés lorrains : KIEBEL, JUNKER,
REINHARD, etc ... Nous avions joué quelques matches, pas très brillants, à
Andoins, Soumoulou, Lucgarier, où Robert Junker fut blessé à l’arcade
sourcilière et fut amené chez le docteur Lasserre à Soumoulou pour quatre
points de suture. Ceci nous amena à réfléchir que, sans assurance, nous ne
pouvions continuer à endosser un accident plus grave. Ce fut notre dernier
match !". Il faut
croire que l’assurance qu’ils prirent pour aller combattre les nazis fut
conséquente : -"Pour moi ce qui compte, (c’est André Cazenave-Tapie qui
parle) c’est que tous ceux que j’avais entraînés dans cette aventure sont tous
revenus, et cela est un grand soulagement ; je ne me voyais pas revenir à
Nousty avec la responsabilité de la mort de l’un d’entre eux."
Quand un
arbre a plongé ses racines dans un tel terreau, comment s’étonner que les
fruits qu’il a porté aient été d’une telle qualité et que la récolte dure ainsi
depuis soixante ans. L’acte de naissance de notre club sportif a été consigné
sur les pages du livre de la grande Histoire.
Ils
couraient sous les balles pour que les générations futures de jeunes puissent
courir en toute liberté derrière un ballon de cuir !
L’énigme
sociale.
Les vertus
de la race.
C’est
certainement l’une des premières explications que l’on puisse avancer pour
expliquer l’extraordinaire odyssée du Nousty-Sports. Il faut se reporter aux
conditions de vie de ces jeunes à la fin de la guerre, quand une paire de
pigeons vendus le vendredi au marché de Soumoulou, payait la sortie du
dimanche. Chaque jour de la semaine était nécessaire pour gagner son pain
quotidien. Alors jugez du sacrifice des parents qui acceptaient de laisser
partir leurs jeunes pour des résultats sportifs tellement aléatoires et
lointains.
Une synergie
de talents.
Il y a aussi
un fait remarquable et qu’il convient de souligner. La vie d’un club sportif
est loin d’être un long fleuve tranquille, un simple faux pas ou une
défaillance physique suffit parfois à compromettre une saison et parfois
au-delà. A chaque épisode marquant ou péripétie délicate, qui ont émaillé ce
parcours, il s’est trouvé un personnage quasi providentiel pour remettre la
machine dans les bons rails de ce qui devait devenir son destin. Que ce soit au
niveau des dirigeants ou des joueurs. Et pour dire combien la vie du village
était intrinsèquement mêlée à la vie du club : quand l’emblématique Toutoune
fut nommé président, monsieur le Curé (alors l’abbé Cazères, qui était aussi
présent lors de la remise des premiers trophées) la valida, à Francis Nouguez,
(voyez là aussi un signe du destin !) par ces simples mots :" C’est bien
!"
Et des
vertus d’accueil.
Ce qu’il y a
de plus extraordinaire dans cette aventure, c’est que, dès le départ, elle a
dépassé les limites du village, elle s’est prolongée dans tout le pays et le
nom de notre village y est resté accroché. Il n’est pas rare encore de
rencontrer dans une grande ville de France, des personnes pour qui l’évocation
de ce nom suffit à dire :"Ah, oui, on connait !"
Et dans les
souvenirs marquants, nous trouvons "les bérets noirs".
Demandez aux
joueurs, dont le nom est souvent lié au passé handballistique national, ce
qu’ils retiennent de leur passage sur le terrain goudronné de Nousty. Ils
répondent souvent, au-delà de l’aspect sportif du déplacement, et surtout de
l’accueil après match, ce qui les a le plus marqué, ce sont "les bérets
noirs".
Entendez par là l’alignement des papys locaux coiffés de leur inamovible béret béarnais, la cigarette roulée au coin des lèvres, appuyés sur la balustrade en fer qui courait autour du terrain. Ils venaient là pour encourager l’équipe locale et toute la connaissance technique qu’ils avaient de ce sport se résumait à un solde de buts positif en faveur des jaunes et rouge. Le reste n’étant qu’argutie surréaliste dont ils laissaient à la gesticulation de l’arbitre le soin d’en prouver l’utilité uniquement dans la mesure où il assurait le résultat du match du côté où ils le souhaitaient.
Entendez par là l’alignement des papys locaux coiffés de leur inamovible béret béarnais, la cigarette roulée au coin des lèvres, appuyés sur la balustrade en fer qui courait autour du terrain. Ils venaient là pour encourager l’équipe locale et toute la connaissance technique qu’ils avaient de ce sport se résumait à un solde de buts positif en faveur des jaunes et rouge. Le reste n’étant qu’argutie surréaliste dont ils laissaient à la gesticulation de l’arbitre le soin d’en prouver l’utilité uniquement dans la mesure où il assurait le résultat du match du côté où ils le souhaitaient.
Les
anecdotes ne manquent pas. A chacun d’illustrer avec ses propres souvenirs tel
ou tel épisode de l’aventure noustysienne. De toute façon, il faut les entendre
racontées par les protagonistes de cette époque : eux seuls sont à même d’en
faire revivre l’ambiance.
L’énigme
économique.
Comment avec
les moyens dont il dispose, un tel club peut-il prétendre encore flirter avec
l’élite nationale ? Comment a t’il pu ainsi traverser soixante années
d’aventures financières pour permettre à trois générations de jeunes, filles et
garçons, de pouvoir participer à des compétitions sportives au niveau national
? Une partie de la réponse se trouve dans les comptes rendus d’Assemblée
Générale. Chacun d’entre eux est comme les petits cailloux semés par ce Petit
Poucet tout au long de ses pérégrinations sportives. Elles nous disent comment
on faisait, avant, pour trouver le financement de la saison sportive.
Rappelons-nous ce que l’abbé Haristoy appelait "les vêpres de Monsieur
Lafont", à savoir les kermesses ou séances récréatives destinées à
récolter un hypothétique financement et qui avaient lieu le dimanche
après-midi. Une mobilisation de toutes les énergies. Ce qui serait plus
intéressant à expliquer, c’est le pourquoi de cette mobilisation de toutes les
énergies d’abord d’un village, ensuite d’un coin de Béarn qui a jeté des
tentacules dans toutes les directions. Mais pour beaucoup, ils sont tombés
dedans tout petits. Potion magique ou garbure béarnaise aromatisée à la
goudale, peut-être aussi un judicieux mélange de vertus locales et de travail
constant. Pourquoi quand ils parlent du club de hand, ceux qui participent à sa
vie, disent tous :"Nous, à Nousty ..." ? Pourtant, ce sont près d’une cinquantaine de localités qui fournissent les éléments sportifs et aussi les
cadres dirigeants. Pourquoi sont-ils tous unanimes à dire que : "Une fois
que l’on a mis les pieds à Nousty, on y revient, ... et le pire c’est que l’on
y reste" ? Peut-être parce que, à Nousty, il y a une vie avant, pendant et
après le sport. Donc le panel est large quant à la possibilité d’implication de
tous ceux qui approchent la salle de sports. Pas une énigme, mais une réalité
durable.
Nous n’avons
pas parlé, ni même mentionné une énigme sportive. Et pour cause. Au vu de ce
que nous venons de décrire, elle ne saurait se concevoir. Finalement, nous
avons un peu abusé le lecteur en parlant d’énigme. Parce que d’énigme il n’y en
a pas ! Simplement une volonté farouche et délibérée de poursuivre plus avant
une aventure commune. Parce que personne n’a eu le choix : de se trouver au bon
endroit au bon moment impliquait pour chacun de faire plus ! C’est une série de
questions avec des réponses qui sont fournies par les évènements eux-mêmes. Au
Pau-Nousty-Sports, pas de club-house, mais une Maison pour Tous où les seuls
VIP sont les bénévoles. Pour chacun, son prénom est le seul titre dont il puisse
s’enorgueillir. La devise choisie facilitant difficilement l’ambition
personnelle : elle vaut pour tous, chacun en est responsable ! Il y a eu
beaucoup de dit sur le Pau-Nousty-Sports, parce qu’il y a eu beaucoup de vécu.
Comme une boule à facettes, chaque dirigeant, chaque responsable, chaque joueur
et joueuse, chaque bénévole, chaque supporter jette son éclat autour de lui.
Finalement
soixante ans, ce n’est qu’une étape.